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ALGER, LABORATOIRE D'ARCHITECTURE

L'architecture et l'urbanisme d'Alger consistent en des allers-retours entre une culture occidentale importée et une culture locale méditerranéenne. Véritable laboratoire d'architecture, Alger témoigne des multiples influences qui l'ont traversées au cours des siècles.

Le style Néo-mauresque

À partir de la pacification du pays en 1871, les générations nées en Algérie et surtout les architectes appelés "les algérianistes" selon Aleth Picard dans son article Architecture et urbanisme en Algérie : D'une rive à l'autre (1830-1962), cherchent à fonder une identité culturelle et architecturale. Cependant, jusqu'à la première guerre mondiale, les bâtiments algérois étaient généralement construits par des architectes formés à Paris et reprenant le style de la capitale.

Les premiers édifices publics construits en Algérie se réfèrent ainsi aux styles européens et aux références éclectiques enseignées à l’Ecole des Beaux-Arts, à savoir le style baroque pour les théâtres ou le vocabulaire romano-byzantin pour les édifices religieux, comme la cathédrale de Saint-Philippe d'Alger construite sur l'ancienne mosquée Ketchaouia. Toutefois, les nouveaux clients, exigent peu à peu une architecture plus ostentatoire, puisant ses références dans un style méditerranéen. Les architectes s'inspirent alors de l'imagerie néo-mauresque pour décorer des bâtiments publics telles que les mairies ou des écoles.

Le début du XXème siècle est donc marqué par un engouement pour l'architecture éclectique et néo-mauresque, encouragé par Charles Jonnart, gouverneur général, qui donne des directives aux architectes en charge des bâtiments publics. C'est à son nom que restent attachés les premiers développements officiels de cette architecture à Alger.

La Grand Poste construite en 1906 par les architectes Voinot et Tondoire s’inscrit notamment dans cette mouvance. Ce monument dédié alors aux PTT est l'un des bâtiments emblématiques de cette période et devient un point de repère dans la ville. L'architecture néo-mauresque est le premier langage architectural utilisé massivement dans la commande public et s'atténuera par la suite au profit de l'architecture moderne.

La Grande Poste

La Grande Poste

VERS L'ARCHITECTURE MODERNE

Hôpital Tizi Ouzou

Dès l'entre-deux-guerres, Alger voit naître un engouement pour l'architecture moderne chez les architectes locaux. Ces nouveaux principes, portés en métropole par les frères Perret notamment, leur permettent de remettre en question le style néo-mauresque et de proposer des espaces plus adaptés à l'Algérie. C'est le cas notamment de l'architecte Pierre-André Emery qui cherche à réaliser une architecture méditerranéenne, avec l'utilisation de la cour ou du patio et de réduire les espaces publics qui ne faisaient pas partie de la culture arabo-musulmane des algériens.

C'est donc dans un pays colonisé où le choc entre les cultures "entre l'Afrique et l'Europe" est important que les architectes et urbanistes proposent une alternative aux modèles dominants.

Aleth Picard

De plus, entre 1930 et 1942, Le Corbusier, figure emblématique de l'architecture moderne, effectue plusieurs voyages à Alger qui influence fortement les architectes algérois. Interrompue pendant la Seconde Guerre Mondiale, cette effervescence autour de l'architecture moderne reprend avec notamment la création du groupe CIAM-Alger (Congrès international d’architecture moderne) où l'on retrouve Pierre-André Emery, Roland Simounet, Jean de Maisonseul, Louis Miquel et Jean-Pierre Faure.

Ces architectes bénéficient de l'essor économique algérien d'après-guerre pour réaliser de nombreux édifices. L'un des plus remarquables est l'Aéro-Habitat de Miquel, construit en 1955 (voir à droite).

Aéro Habitat de Miquel, 1955

Le Corbusier, un modèle pour les architectes algérois

Une rue de la Casbah

Alger n'a pas subi de démolition durant la Seconde Guerre Mondiale mais la population s’accroît fortement. Le problème du logement touche en particulier les populations arabes et l'on voit naître de nombreux bidonvilles et des dégradations dans la Casbah. Cette situation préoccupe peu la France métropolitaine, alors centrée sur sa reconstruction après-guerre.

En parallèle de cette croissance démographique, Alger bénéficie également d'une croissance économique au sortir de la guerre. Ainsi en 1952, le maire d'Alger annonce plusieurs chantiers tels que la construction de 40 000 logements dans le quartier des Annassers ou la création de la nouvelle cité satellite d’El Harrach. La même année la revue Chantiers titre « Alger se couvre d'une parure d'immeubles modernes ».

Ces nouvelles constructions s'inscrivent pour la plupart dans le mouvement moderniste. En effet, les architectes algérois ont été très marqués par la venue du Corbusier durant l'entre-deux-guerres. Si sa première venue à Alger remonte à 1931, il revient ensuite une dizaine de fois jusqu'en 1942 et conçoit alors plusieurs projets pour la ville, notamment le « Plan Obus ».

Vivement critiqué, ce projet architectural visait à détruire la quasi totalité de la ville coloniale pour y implanter un immeuble faisant face à la mer, sur presque dix kilomètres. Le plan ne projetait pas de détruire la Casbah, qui impressionnait beaucoup l'architecte.

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